Depuis notre plus jeune âge, nous sommes bercés par l’idée qu’il existe un chemin tout tracé, une manière « juste » de vivre. On nous enseigne la conformité : respecter les règles, adopter les usages, suivre les modèles. Devenir des êtres bien ajustés, acceptés et adaptés. Une éducation à la mesure du regard des autres, où l’on valorise le contrôle au détriment de la spontanéité.
On nous apprend à mettre en sourdine nos élans, à réprimer nos intuitions, à douter de nos propres ressentis. L’insouciance, cette flamme vive de l’enfance, s’éteint doucement sous le poids des "il faut" et des "tu dois". Être raisonnable. Être sage. Être à la hauteur. Mais à la hauteur de quoi ? D’une norme qui, au fond, n’appartient à personne, sinon à une société qui redoute l’imprévu, l’inattendu, le vivant.
On façonne nos esprits avec des cadres invisibles. Un temps pour tout, une place pour chacun. Et surtout, une place qui ne déborde pas. Chaque écart est signalé, chaque détour ramené à l’ordre. Nous avançons alors chargés de responsabilités, de peurs et de doutes que nous n’avons pas choisis. Une préparation à une vie que l’on nous décrit comme complexe, instable et menaçante.
Mais à quel prix ? Celui de la liberté d’être soi-même. Celui de la connexion à nos désirs profonds, à ce qui vibre en nous, à notre singularité. Car c’est dans cette singularité, dans nos nuances et nos contradictions, que réside la richesse de l’humain. Et pourtant, nous apprenons à la taire, à l’effacer, à la remplacer par une version acceptable et lissée.
Et si nous nous interrogions ? Si nous nous arrêtions un instant pour ressentir tout ce que nous avons laissé derrière nous sur ce chemin balisé ? Le conditionnement a peut-être fait de nous des citoyens « adaptés », mais a-t-il fait de nous des êtres pleinement vivants ?
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