Depuis Descartes, notre société s’est structurée autour du postulat central : « Je pense, donc je suis ». Cette affirmation a érigé la raison comme fondement de l’existence humaine et de notre manière d’appréhender le monde. Dans cette vision, l’esprit rationnel est prépondérant, tandis que le corps et ses perceptions sont souvent relégués au second plan, considérés comme sources d’erreurs ou d’illusions.
Ce dualisme cartésien, qui sépare le corps et l’esprit, a influencé nos institutions, notre système éducatif et notre manière de prendre des décisions. Il privilégie l’analyse, les preuves tangibles et la logique structurée, en négligeant l’intuition, souvent perçue comme irrationnelle ou trop subjective.
Pourtant, l’intuition, loin d’être un élan incontrôlé, est une forme d’intelligence puissante et complémentaire à la raison, méritant d’être explorée. Tandis que la raison structure, l’intuition guide. Ensemble, elles permettent de naviguer dans un monde complexe, où les réponses ne se trouvent pas toujours dans les données. De nombreuses découvertes majeures et décisions stratégiques sont le fruit d’intuitions éclairées, validées ensuite par l’analyse rationnelle.
Dans une société dominée par la rationalité, nous avons souvent appris à ignorer ou minimiser nos ressentis corporels, les reléguant derrière l’analyse logique. Pourtant, le corps joue un rôle essentiel dans notre perception du monde et constitue le vecteur privilégié de l’intuition. Il est une source précieuse d’informations, un « capteur » qui perçoit des signaux subtils bien avant que notre esprit conscient ne les analyse.
La reconnexion à nos ressentis commence par une écoute attentive et bienveillante de ce que notre corps nous dit : une tension dans la poitrine, un frisson, une chaleur diffuse, ou même un sentiment inexplicable de confort ou d’inconfort. Ces sensations, souvent qualifiées de « signaux faibles », sont des manifestations directes de notre inconscient, où se logent des expériences, des intuitions et des savoirs non verbalisés.
En somme, loin d'être une simple réaction mécanique, le corps est un véritable guide, une "boussole" qui, lorsqu’on apprend à l'écouter, nous permet d’accéder à une forme de connaissance plus profonde et d’enrichir le processus de prise de décision.
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